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Libération
Critique

Maddy blues

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Le Britannique John Harvey remet au travail un ex-flic dépressif.
publié le 30 novembre 2006 à 0h17

John Harvey, c'est la Rolls Royce du polar. Du police procedural anglais grand luxe, une mécanique toute de souplesse et fiabilité mais qui carbure à l'humain, donc l'empirique et l'imprévisible. Résultat, des romans qui dépassent la poussive «intrigue bien ficelée»; savoir le pourquoi du comment importe, mais moins que ce que deviennent les personnages. Un phénomène d'empathie notamment à l'oeuvre dans la série des Charlie Resnick, dix épisodes autour d'un inspecteur bluesy de Nottingham. Ce cycle est tout bonnement formidable, où Harvey dresse tranquillement mais sûrement un tableau calamiteux de l'Angleterre post-thatchérienne. Si formidable qu'on lui en a quasiment voulu personnellement de baisser le rideau, il y a deux ans. Et voilà De cendre et d'os, qui permet de faire le deuil de Resnick. Il peut même faire une apparition pour un coup de pouce périphérique, la nostalgie n'est plus ce qu'elle était.

Le héros est Frank Elder, un ancien flic de Nottingham qui vit sa retraite en reclus, en Cornouailles, plombé par un divorce calamiteux. L'assassinat d'une ancienne collègue et le comportement inquiétant de sa fille le sortent de sa tanière, le ramènent en ville et aux affaires, entre Londres et Nottingham.

Elder est usé, et lesté de culpabilité : sa fille de 17 ans a failli mourir dans le livre précédent (De chair et de sang), tombée entre les mains d'un serial killer qu'il pistait. Depuis, elle dévisse, fréquente un petit dealer, ne veut plus voir son