Quel est le point de départ de Samedi ? Après avoir habité des années à Oxford, je vivais à Londres, et j'avais envie d'écrire un roman sur Londres. Je voulais aussi écrire un roman sur le travail, il est tellement important dans la vie des gens, il est au coeur de leur identité. Les sociologues et les romanciers existentialistes nous ont dit que le travail était une oppression, ce n'est pas mon expérience. Pour moi, c'est une puissante source d'identité et de plaisir.
Et puis il y a eu le 11 septembre et, pendant un an, je n'ai pas fait grand-chose, à part lire des essais politiques et parler avec des amis. Quand j'ai commencé à écrire mon roman en novembre 2002, j'ai décidé de prendre un neurochirurgien comme modèle de mon personnage Henry Perowne, et j'ai commencé à le suivre. Washington s'apprêtait à envahir l'Irak, c'était à l'arrière-plan. J'avais les ingrédients, mais je ne savais pas ce que serait le roman. Il y avait deux polarités. D'un côté, l'incertitude, la nervosité, les questions : est-ce que la sécurité est plus importante que la liberté, est-ce qu'il faut haïr l'islam, ou l'aimer ? De l'autre, il y avait ce sentiment de bien-être que j'avais découvert à Londres, les gens sont incroyablement enjoués. Dans le square devant chez moi, les gens s'installent pour déjeuner, ils viennent de 40 pays, et je suis très impressionné par le bon fonctionnement de cette ville multiraciale. Bien sûr, il arrive qu'il y ait des agressions racistes, mais il y a quelque c