L'adage qui veut qu'on peut rire de tout mais pas avec n'importe qui, est pour un écrivain un écueil incontournable, on ne choisit pas sa famille, on ne choisit pas ses parents, on choisit difficilement ses lecteurs. Stephen McCauley a la réputation difficile d'être drôle. Difficile, car il est plus facile de faire rire par surprise celui qui ne s'y attend pas, que de provoquer une hilarité promise, annoncée, presque due par contrat de gré à gré entre celui qui achète le livre et celui qui l'a écrit, au prétexte que les précédents n'ont pas manqué leur cible. Cette difficulté est, somme toute, atténuée par la confiance, la satisfaction réjouie d'une clientèle fidèle. On ne choisit pas ses lecteurs, certes, mais le fait qu'ils vous choisissent vous permet d'espérer rire en bonne compagnie.
Stephen McCauley est un jeune, bel et sympathique écrivain né et vivant à Boston, si bien installé en Nouvelle-Angleterre que son humour nouveau a des accents anglais. Il est gay et bobo, et exerce son ironie acerbe à se moquer des gays et des bobos et plus si affinités ou si vous passez à portée de sa plume (les psys, commerciaux, yogis, numismates, dentistes, internautes, grandes blondes ou petites rousses, new-agers, hétéros repentis, plombiers établis ou chauffeurs de taxi ne sont pas à l'abri). Cette fois, le sens de l'histoire le conduit à charger ses tendres victimes habituelles d'un poids nouveau : le 11 septembre 2001, après lequel rien ne devrait plus jamais être comme avant, mais