Menu
Libération

Perdre son Bellatin

Article réservé aux abonnés
publié le 30 novembre 2006 à 0h17

Tous les textes traduits de Mario Bellatin sont d'une bizarrerie minutieuse, érudite et élaborée, mais aucun n'est aussi bizarre que les deux réunis dans ce volume. On dirait que le Mexicain né en 1960 a comme ambition de décourager tout compte rendu à force de perdre son lecteur et de l'entraîner dans des interprétations indémêlables. L'auteur de Salon de beauté (Stock), Flore, Shiki Nagaoka : un nez de fiction et le Jardin de la dame Murakami (Passage du Nord/Ouest, voir Libération du 4 mars 2004 et du 28 avril 2005) imagine dans Jacob le mutant que Joseph Roth, l'Autrichien réel auteur de la Marche de Radetzky, a laissé un roman inédit, la Frontière, dont il y aurait deux versions conservées, chacune lacunaire. Le titre vient de ce que Jacob Pliniak, le héros de cette Frontière à laquelle Roth n'aurait travaillé que lorsqu'il était fin saoul, commence par être un rabbin tenant une taverne entre l'Autriche-Hongrie et la Russie qui se trouve être une couverture pour permettre à des Juifs de fuir les pogroms, et finit comme une vieille femme, Rosa Plinianson, qui combat la danse mais en ouvre cependant une académie aux Etats-Unis.

«A la surprise de tous, Rosa Plinianson créa, du jour au lendemain, sa propre académie de danse. Cette contradiction apparente, peut-être une erreur d'écriture de Joseph Roth, découle probablement de l'impossibilité de trouver le texte intégral de la Frontière. Dans les carnets