Menu
Libération

Tête de litote

Article réservé aux abonnés
publié le 30 novembre 2006 à 0h17

De nos jours, sitôt le dernier client sorti et le rideau baissé, le (la) libraire s'en va nourrir son blog en mangeant des chips. A la date du jeudi 24 novembre, il (elle) écrit : «Rien de spécial à vous écrire aujourd'hui. Il bruinait, crachinait, pleuvassait, pleuvinait, pleuvotait aujourd'hui. Je suis allée chez le coiffeur.» Suivent plusieurs dizaines de lignes qui viennent contredire la première.

C'est un extrait du blog de Corinne Scanvic, jeune femme qui, avec Maryline Guidicelli, anime une jolie petite librairie posée pas loin du canal Saint-Martin, à Paris. L'établissement ripoliné de rouge s'appelle Litote en Tête. Nous n'y sommes jamais entrés, du moins pas encore, mais nous savons tout ce qui s'y passe. 17 octobre : «Une cliente a découpé les Bienveillantes de Jonathan Littell en quatre. Elle trouvait le livre trop lourd à transporter, à lire au lit. Elle a pris un grand couteau de boucher pour le découper...» Sachant que les 1 100 grammes du prix Goncourt se vendent 25 euros, le Littell au détail pourrait s'écouler à 22,73 euros le kilo. Ce qui le mettrait au prix du rumsteck.

Une des tâches importantes du libraire est de s'assurer chaque soir que les clients n'ont rien oublié de dangereux dans le magasin. Liste des objets perdus chez Litote en Tête, par ordre chronologique : «1) un lapin en peluche (mis en vitrine, l'enfant l'a vu un jour et l'a récupéré), 2) un parapluie, 3) des clefs de voiture, 4) une bouteille de vodka (vide), 5) une b