C'est une histoire épatante pour femmes de goût, celle d'un Suisse, Urs Odermatt, qui voulait devenir «conducteur de locomotive. Et gagner le Paris-Dakar». A l'école comme les autres, le petit Urs franchit le temps sur son tapis volant, puis se lança dans le cinéma et le théâtre. Mais, comme son père, Arnold, aujourd'hui 81 ans, avait passé sa vie de fonctionnaire à saisir ses copains flics avec son Rolleiflex, il s'occupa de lui et de son trésor, une mine d'or en couleurs sur le quotidien de la police du canton suisse de Nidwalden. Après Karambolage, avalanche de bagnoles bousillées qui fit un tabac en librairie et dans le monde de l'art, En service montre comment Arnold Odermatt décida de mettre en scène «le petit corps de police de Nidwalden». Pourquoi ? Par conviction. Parce que les jeunes du coin n'avaient pas envie de patrouiller ou d'enfiler un uniforme, il fallait donc susciter des vocations. Et la photographie, bel outil de communication et de propagande si affinités, permet à tous les publics de comprendre sans trop d'effort une partie du réel. Heureusement, tout est quasi idéal dans En service, nous sommes en Suisse, au coeur d'un éden métaphysique, avec sa billetterie particulière, ses lacs, ses braves vaches laitières, ses milliardaires qui font du ski, et Arnold Odermatt et ses collègues de travail.
Disons-le d'emblée, et sans fanfaronnade, dans les portraits de groupe, il n'y a que des mâles en 1965, en 1968, en 1976, mais en