«Farai un vers de dreyt nien» (je vais faire un poème sur le pur néant). Guillaume d'Aquitaine (1071-1127) est le plus ancien troubadour dont restent des fragments d'oeuvre. Avec le «droit rien» de Guillaume, foin de scolastique ! Ce sont les cavales de la poésie profane proprement européenne qui prennent leur galop. Les anthologies françaises de poésie médiévale honorent tradionnellement, pour commencer, la langue d'oc qu'elles oublient souvent par la suite. Le présent florilège se conforme à l'usage en s'ouvrant par le célèbre poème de Guillaume. Il donne en annexe, comme pour l'ancien français , la version originale des poèmes, mais son propos n'est nullement savant. Au contraire, ce livre se veut un objet de désir... suivant le conseil de Guillaume :
«A la douceur de la saison nouvelle
feuillent les bois, et les oiseaux
chantent chacun en son jargon,
sur les couplets du nouveau chant ;
il est donc bien qu'on se procure
ce dont l'homme a le plus envie.»
Et, plus que de poésies, l'homme d'aujourd'hui a envie d'images. Et le Moyen Age flamboyant en offre à foison, au point qu'on pourrait le dire plutôt une anthologie d'enluminures que de poésies, tant on ne sait plus trop lequel accompagne l'autre, du texte ou de l'illustration (1). Le principe de l'éditrice, Diane de Selliers, est de croiser un texte classique avec des reproductions qui peuvent lui être associées. La poésie médiévale appelait comme naturellement les m