Les Traversées de Paris gîtent dans un gros pavé-bouquin, à la couverture bosselée en relief comme les pavés de la capitale. Le volume récuse la solennité du beau livre, dont il a l'abondance d'illustrations, mariée à un texte étourdissant, qui invite à toutes les balades.
Où l'on découvre que les «barricades» naquirent un jour de mai 1588 avec des barrages de barriques érigés place Maubert contre les Suisses d'Henri III. Qu'à la Goutte-d'Or, la place de l'Assommoir, en hommage à Zola, est «un rare exemple de toponymie prise au titre d'un roman». Que le louchébème était l'argot des bouchers de la Villette, mais que l'invention des «frites» revient, elle, à l'argot des polytechniciens de la Rive gauche qui firent de la pomme de terre la femelle du salsifis, appelé «frit». Que le lac du parc Montsouris se vida d'un coup, le jour de son inauguration par Napoléon III, dans le sous-sol creux qui s'étend jusqu'à la Butte-aux-Cailles, comme un évier siphonné (l'architecte s'en suicida). Que c'est madame Necker, qui imposa pour la première fois, en 1778, dans l'hôpital qu'elle parraina, qu'on limite les lits à un seul malade...
Gageure inutile, au demeurant, qu'essayer de résumer ces 600 pages d'anecdotes, d'architecture, de vie sociale et d'imaginaire, où l'on croise et recroise tous les noms de l'art et de la politique. Négligeant l'exploration systématique ni rue par rue, ni immeuble par immeuble , Alain Rustenholz (à qui on doit déjà, entre autres, un fameux Pa