«Le paysage est une portion de l'espace qu'un observateur embrasse du regard en lui conférant une signification globale et un pouvoir sur ses émotions» :plus qu'une définition, c'est là le principe structurant Naissance et renaissance du paysage, de Michel Baridon. A double titre. D'un côté, l'ouvrage entend en effet rendre raison de l'existence de la chose depuis toujours (bien avant, en tout cas, que le nom ne commence à exister, à la fin du XVIe siècle). De l'autre, il chemine dans les discours pour reconstituer l'histoire qui, depuis l'invention des écritures, a façonné, en les fixant et en les transmettant, nos manières de voir et de représenter le paysage. Historien des jardins et des paysages, Michel Baridon a enseigné la civilisation britannique à l'université de Bourgogne.
Quoi qu'ils aient pu ressentir devant ce qu'on appelle aujourd'hui un paysage, les anciens Egyptiens ne nous en ont légué que des aperçus succincts, puisqu'ils ne possédaient pas les moyens techniques de faire apparaître trois dimensions sur une surface plane. On le comprend : une chose est de voir un paysage, une autre de le représenter. Mais là où la reproduction par l'image échoue, les textes écrits, même les plus reculés, savent témoigner et d'un monde que le temps allait engloutir et de la sensibilité grandissante, voire d'une tendance irrépressible, des sociétés humaines à «paysager» ce même monde. L'érudition de Baridon est inépuisable, qui collecte, relie, confronte ces