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Libération
Critique

Sentimental Roubaud

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Un Roubaud peut en cacher un autre, surtout lorsqu'il s'avance sous une foule de masques.
publié le 21 décembre 2006 à 0h35

Larvatus prodeo, «je m'avance masqué», pourrait être l'emblème de ce livre. Nous, les moins que rien, fils aînés de personne obéit en effet à un principe original énoncé par Herman Hesse dans le Jeu des perles de verre. Celle de l'écriture d'une «autobiographie fictive» d'un «roman biographique» qui ne serait pas seulement «exercice de style» mais «portrait idéalisé». Offrir une contrainte à Jacques Roubaud est toujours un peu risqué, l'oulipien en a toujours quelques autres dans les poches.

Nous, les moins que rien est ainsi un «multiroman» édité scientifiquement par un certain Octavius J. Cayley, professeur émérite de l'université de Saint-Andrews at Lochgelly, l'un des masques de l'écrivain. Cette présence érudite a tout pour rassurer le lecteur, car ce livre, c'est Roubaud à travers les siècles. Après avoir fait le jacques sur sa colonne, en passant son temps à des mathématiques antiques, il deviendra dendrite en s'installant au sommet d'un arbre. Lui succède Pierre Corneille Roubaud dont le «secret douloureux» n'est pas d'avoir écrit les pièces de Molière, mais déchiffré des messages secrets dans les acrostiches des vers de l'auteur du Cid.

On reste confondu de la capacité d'anticipation du dramaturge avec «thé», mot encore inconnu à l'époque, et surtout : «pneu» et «néon». Le professeur Cayley n'a pas oublié de nous offrir quelques addenda. Notamment une intéressante tentative de réduction des pièces classiq