Menu
Libération
Critique

La prophylaxie dans le boudoir

Article réservé aux abonnés
Des filles de joie aux grandes «horizontales», les rapports de police sur la prostitution parisienne au début de la IIIe République.
publié le 11 janvier 2007 à 5h23

Le titre est juste et beau, le sous-titre racoleur et l'ouvrage inhabituel. Assorti d'une introduction, de notes et d'un répertoire des principaux lieux et personnages évoqués, il nous donne à lire l'épais registre des prostituées «clandestines» (ou présumées telles) que la police parisienne surveilla et ficha au début de la IIIe République. «Laumier Marie, dite Délia, âgée de 23 ans, actrice au Gymnase. Sa mère est une ancienne femme entretenue qui a eu beaucoup d'amants, notamment en Russie» ; «La nommée Masson Rosalie demeure depuis quinze mois rue de la Chaussée-d'Antin, n° 17, où elle occupe un logement d'un loyer annuel de...»; «Bartoleti Marie, âgée de 26 ans. C'est une jolie brune, très bien faite, qui après avoir dansé dans les théâtres de province...» Elles sont ainsi 415 femmes à faire l'objet d'une «fiche», plus ou moins détaillée, établie dans les années 1871-1875 par les très décriés inspecteurs de la brigade des moeurs. Un tiers de ces rapports comportait une photo (le lecteur, lui, n'a droit qu'à celle de l'énigmatique «comtesse de Beyren» qui orne la couverture), et le registre recensait également plus de 200 clients, dont seules quelques notices ont été reprises ici.

Le livre risque donc de décevoir l'amateur d'«archives secrètes» ou d'anecdotes scandaleuses. Il se révèle pourtant passionnant pour qui accepte d'entrer dans la grise et souvent répétitive littérature de la bureaucratie policière. Rédigé juste ap