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Libération
Interview

60 000 têtes de porcs

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Leibniz, Deleuze, Arno Schmidt... Entretien avec Cécile Minard.
publié le 18 janvier 2007 à 5h30

Céline Minard, 37 ans, vit dans un petit appartement à Paris. Après des études de philosophie à Rouen, elle a souvent travaillé dans des librairies. Elle a décidé de se consacrer totalement à l'écriture «par besoin d'espace psychique», même si elle doit vivre chichement. Le Dernier Monde lui a pris trois ans.

Pourquoi la philosophie ?

En réalité, je ne suis pas philosophe. Je ne crée pas de concepts. Je peux jouer avec, je peux les déplacer comme je l'ai fait dans la Manadologie. C'est plutôt dans la sensation de pensée que je vais essayer d'intervenir. Mais j'ai adoré étudier la philosophie. Mon mémoire portait sur la nature chez les cyniques grecs. A l'époque, il n'y avait pas grand-chose sur le sujet, pas comme sur Kant qui suscite des milliers de gloses. Après, il y a eu Michel Onfray, Peter Sloterdijk... Cette philosophie, plus en actes qu'en mots, me plaisait. A Rouen, j'ai été marquée par un grand professeur, Alexis Philonenko. Il donnait des cours complètement fous. En début d'année, il nous lisait son livre à paraître, et puis, au bout de quelques semaines, il décrochait et partait sur des sujets qui n'avaient rien à voir, boxe, immigration, harengs dans la Baltique... Ceux qui préparaient le Capes râlaient et faisaient des pétitions pour qu'il reprenne le fil du programme. Moi, je courais à ces cours-là, je me levais le matin pour y aller. Et puis j'ai arrêté les études. Je voulais être plus près de la littérature, de la pensée vivante. Mais pas