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Libération
Critique

Desbiolles au fil de l’Ariane

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Maryline Desbiolles a tissé son récit d’une multitude de voix recueillies dans une cité de Nice.
publié le 18 janvier 2007 à 5h30

Pour une fois, ne commençons pas par le début, sans compter qu’on ne peut pas se perdre, puisque toutes les voix que nous entendrons sont numérotées, de un à dix. Nous entendrons des voix. Commençons par la deuxième, c’est elle qui dit l’endroit, l’Ariane : «L’Ariane est une île. Isolé, seul, ces mots reviennent souvent dans la bouche de ceux qui me parlent afin que leurs paroles deviennent un livre. On se sent isolé à l’Ariane mais on ne peut plus en partir. Le quartier est prenant. Et le quartier ne désigne pas ici une division, une partie, une portion, pas le morceau d’un tout, pas le morceau de pomme ou de lune, mais l’excès, le reste, le surplus, banlieue, périphérie, zone sensible, quartier au pluriel comme lorsqu’il désigne le campement de la troupe, kartiers», page 23.

Les écrivains se mêlent de ce qui ne les regarde pas, et plus précisément de ce qu'ils regardent : Maryline Desbiolles est écrivain, elle habite dans l'arrière-pays niçois, et sur la route qui mène de Nice à sa maison, elle aperçoit l'Ariane, elle aurait pu ne pas la voir, détourner les yeux de cette cité grise, elle aurait pu continuer son chemin, en regardant la mer, au loin, elle a préféré faire le détour, le pas de côté, pour voir. Cette jeune femme qui vous reçoit en robe Issey Miyake, qui ne rechigne pas à rédiger des monographies d'Hermès ou de Guerlain, cette jeune femme a écrit une bonne demi-douzaine de romans de pure écriture et d'humanité dolente. Avait-elle besoin de s'encanailler, d