Yapou, bétail humain, dont paraît aujourd'hui le deuxième volume (seize mois après le premier, lauréat du prix Sade, et dix mois avant le dernier, prévu pour l'automne prochain), est une oeuvre exceptionnelle, une sorte de roman de science-fiction sexuelle qui aurait emprunté à Sacher-Masoch le goût de l'humiliation et au marquis de Sade celui d'une organisation si rigoureuse de la domination et de la perversion qu'elle en devient à la fois effrayante et drôle. C'est un texte hors norme dont on raconte que Stanley Kubrick et David Lynch ont tenté en vain d'obtenir les droits, dont la publication s'étale de 1955 à 1970, et dont l'auteur d'abord anonyme en un temps où le SM n'était certes pas à la mode est finalement apparu au grand jour (il est né en 1926 et vit actuellement à Tokyo). Le livre porte à la réputation des Japonais les plus abominables coups. «Yapou, bétail humain est le plus grand roman idéologique qu'un Japonais ait écrit après-guerre», a dit Yukio Mishima. «Idéologique» n'est pas une réserve, c'est au contraire l'élément central du texte, puisque c'est une sorte d'idéologie fasciste, ontologiquement raciste, qui y est décrite, mais où ce sont les êtres de race jaune qui sont considérés comme des animaux, avec une telle unanimité qu'il n'y a personne pour s'en indigner, de même que personne à notre époque ne réclame qu'on accorde aux animaux les mêmes droits qu'aux hommes et aux femmes. Car les femmes sont les maîtresses de ce monde
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