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Libération
Critique

Djinn tonique

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Un génie dans la théière et la frustration dans tous ses états.
publié le 25 janvier 2007 à 5h38

«Analysons la situation avec pondération. A la maison on a un mec dans une théière. Et quand... quand on frotte la théière, il en sort.» Voilà à peu près résumé le ressort de Djinn Djinn, toute nouvelle série de Ralf König. Sauf que ce génie de la lampe est d'un genre un peu particulier, puisqu'il a été créé il y a un peu moins de 440 391 nuits par Sa'âdât, «modiste de chaussures pour femme», afin d'être l'esclave sexuel de sa tante (c'était son anniversaire). Comme d'habitude, cet album du satiriste gay de Cologne tend à mettre en scène des problèmes plus universels que communautaires. Ici, l'intolérance religieuse. Avant qu'il soit question de génie et de tantes, König nous narre l'histoire d'un «mollah aigri» qui, lors d'une nuit d'indigestion, reçoit les curieuses instructions d'un certain archange Brodemîl. A savoir, et entre autres : «D'une étoffe les femmes tu couvriras entièrement, car de devoir supporter la vue de leurs yeux et de leur nez dans la rue est pour les hommes source de trouble et d'érection et par là même abomination.» De ce jour, au pays du mollah aigri, les femmes furent mises «sous des sacs-poubelle», la musique décrétée «satanique» et les homos bons à «lapider». A cette haine confinée, König prend plaisir à opposer le bel air des Mille et Une Nuits qu'il cite abondamment, s'attardant sur les vers dédiés à la beauté garçonne, du genre «l'eau suave de sa bouche qui rend fades les meilleu