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Libération
Critique

Gays lurons

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Récits d'initiation, troubles du désir, quelques auteurs osent encore évoquer le désir enfantin.
publié le 25 janvier 2007 à 5h38

Comment peut-on être pédé dans une bande dessinée ? A peu près comme dans la vie réelle. On peut choisir de rester entre soi, cultiver ses muscles et avoir une grosse teub. C'est ce que proposent par exemple les éditions H & O, qui publient entre autres le Québécois Patrick Fillion, avec plein de garçons dans tous les trous. Comme on n'aime que ce qui dépasse, on gardera surtout de leur catalogue les délires SM de Gengoro Tagama (lire ci-contre), authentique furieux. La position, certes généreuse, d'H & O élude pourtant un peu la difficulté. Le vrai défi, c'est d'être un personnage homo dans un univers hétéro, de glisser de la différence dans un genre qu'on croit souvent réservé aux garçons ados et qui, à force de le croire, finit par le devenir.

Il y a bien Alix, dira-t-on, héros romain aussi crypto-gay qu'Aglaë gougnotait jadis Sidonie derrière sa palissade. Mais c'est un peu maigre, et demande une bonne dose de mauvaise foi. Depuis une dizaine d'années, les homos commencent à vivre une vie ouverte entre les vignettes, souvent autofictive, à l'instar des Conrad et Paul de Ralf König (Glénat) ou du Journal de Fabrice Neaud chez Ego comme X. Les deux premiers sont un couple tiraillé, nourri de l'expérience de König, mais dans lequel la plupart des hétéros malins se reconnaissent. Pour une étiologie plus précise, son récent album Et en plus il est gaucher raconte la vie de l'auteur, sous forme d'une fausse interview. On y apprend que l'odeur de la choucrou