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Libération
Critique

Il était un petit Nadir

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La nuit tout les taxis ne sont pas gris. On se cale dans la banquette et on écoute.
publié le 25 janvier 2007 à 5h38

Evidemment, on peut préférer les chauffeurs de taxi taiseux, ceux qui écoutent RFI ou France Musique et à qui on demande gentiment de monter un peu le son, ou qui proposent d'eux-mêmes de le réduire. Mais si l'on considère que la conversation d'un taxi vaut mieux que n'importe quelle solitude, voire une excellente occasion d'observer une âme humaine que l'on n'a pas choisie, ou pire un échantillon représentatif de notre société, le monologue de Nadir peut ravir. Les deux auteurs, Gilles Tévessin aux images et Romain Multier aux lyrics, en ont fait leur miel au bout d'une maturation d'une quinzaine d'années, un avertissement précisant en exergue que les propos de Nadir ont été recueillis en 1991. Cette précision est vite oubliée, entraîné qu'on est par la course, le bagout du chauffeur. Lorsque le livre se referme, c'est plutôt un sentiment de nostalgie que de documentaire d'actualité qui s'installe dans la persistance rétinienne du lecteur. Il se dit que bien des modèles de Mercedes, de chauffeurs venus de plus loin que Nadir et bien des peurs ont changé le métier de taxi.

N'empêche, Nadir a du bagout, il aime son métier et en parler. Sa Mercedes est blanche, elle a beaucoup plus de kilomètres que son état impeccable le laisse supposer, elle aurait pu faire dix fois le tour de la terre mais préfère tourner autour de Paris, à sa clé pend un petit porte-clés, un taxi bleu ciel qui pourrait bien être une 505 Peugeot comme le cageot qu'on lui confia à ses débuts. Nadir fait la nu