A 58 ans, François Gèze, patron de La Découverte, fait figure de paradoxe : un pedigree professionnel d’héritier de 68, mais une indépendance abritée au sein du groupe Editis. Une confiance affichée dans l’avenir de la librairie indépendante alliée au souci de marcher au pas de l’Internet. Des conceptions ouvertes au «feuilletage» offert par les librairies en ligne, mais une opposition déclarée à Google.
Sur les couvertures, l'effigie d'un petit crieur de journaux perpétue la filiation de La Découverte avec les emblématiques éditions Maspero. François Gèze a été marqué par la guerre d'Algérie et les luttes de libération de l'Amérique latine. Ingénieur des Mines, il a participé à la fondation de Libération et a été membre du Cedetim (Centre d'études anti-impérialistes). C'est une collecte de livres pour le Cedetim qui le mit en relation avec François Maspero, à la fin des années 70. Gèze ne connaissait alors «ni l'édition, ni le monde de l'entreprise». C'est à lui, pourtant, que Maspero, blessé par la mort de sa librairie («ruinée par les vols des gauchistes»), passera le relais, en 1982, en lui faisant cadeau de ses actions dans sa maison d'édition, fondée en 1959.
Les nouvelles Editions La Découverte ne dérogeront pas. Leur croisière sera un temps marquée, sous la houlette de la CFDT, par un rapprochement avec Syros et les Editions ouvrières. En 1998, financièrement exsangues, elles intègrent le groupe Havas, devenu Editis : «C'était ça ou disparaître.