Fin janvier, la Cour de cassation a condamné les juges de la cour d'appel de Paris à une lourde peine : lire deux ouvrages parus chez Plon en 2000 et aimablement présentés comme une suite donnée aux Misérables. Le crime de la cour d'appel : en 2004, elle avait donné raison à un arrière-arrière-petit-fils de Victor Hugo, qui estimait qu'en prolongeant les aventures de Cosette et Marius, on attentait au droit moral de son aïeul. Les magistrats s'accordèrent en effet à penser que le grand écrivain n'aurait pas accepté qu'un tiers donne une suite à son livre. «Cette oeuvre, véritable monument de la littérature mondiale [...], n'est pas un simple roman en ce qu'elle procède d'une démarche philosophique et politique», clamait l'arrêt d'appel. En vertu de quoi, «aucune suite ne saurait être donnée à [cette] oeuvre, à jamais achevée».
De quoi je me mêle ! a répondu la Cour de cassation, qui reproche aux juges de l'appel une décision basée sur «des motifs inopérants tirés du genre et du mérite de l'oeuvre ou de son caractère achevé, et sans avoir examiné les oeuvres litigieuses». Et de leur renvoyer le dossier. Allez donc lire cette prétendue suite, ça vous calmera ! Pour notre part, nous aurions assorti ce châtiment d'un coup de pied au cul. Car, franchement, où est l'outrage à Hugo ? Un chien qui pisse au bas d'un pilier de la tour Eiffel doit-il être condamné pour violation du droit moral du grand architecte ? Si, demain, Henri Troyat se mettait en tête