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Critique

Heidegger lasse

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Nouvelles polémiques autour du nazisme du père de «l'Etre et l'Etant». La réponse des heideggeriens au livre d'Emmanuel Faye.
publié le 8 février 2007 à 5h54

On croit tenir un livre sur Heidegger et l'on ouvre un recueil contre Emmanuel Faye, auteur de Heidegger, l'introduction du nazisme dans la philosophie. Le paradoxe éclate dès les premières pages : Heidegger, à plus forte raison est presque incompréhensible si l'on n'a pas lu Faye. La charge est si violente qu'on se sent forcé d'aller consulter l'ouvrage contre laquelle elle s'exerce. On se dit : peut-être Faye a-t-il promis des dividendes à ses ennemis. A la limite, il faudrait commercialiser les deux livres sous coffret, mais le Faye est passé en poche et leurs formats sont désormais disparates, voilà un beau coup marketing raté. C'est dommage : le niveau d'intérêt est comparable, c'est-à-dire faible, un vrai remède contre la philosophie, si jamais il lui restait des lecteurs.

De quoi s'agit-il ? D'une querelle des Anciens et des Modernes aussi vieille que l'après-guerre, qui se focalise en France lors de la première venue de Heidegger en 1955 et se réactive en 1987 par la publication du Heidegger et le nazisme de Victor Farias. A moins de s'étaler dans un essai, un des graves inconvénients de cet épais dossier est qu'on tombe dans la réduction dès qu'on s'exprime à son sujet. On est sûr de se faire des ennemis. Deux séries au moins de questions se posent. Quelle est la nature exacte des rapports de Heidegger avec le régime nazi ? Heidegger était-il antisémite ? Sur ces points, des documents de la main du professeur et philosophe prouvent sans doute auc