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Critique

Le mètre du monde

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Portrait de Daniel Kehlmann, 31 ans, nouveau phénomène de la littérature allemande, dont «les Arpenteurs du monde» ont connu un succès colossal.
publié le 8 février 2007 à 5h55

Berlin envoyée spéciale

Une matinée d'automne. Le public se presse aux portes du Berliner Ensemble, le théâtre de Bertolt Brecht. Il n'est pas venu assister à la première d'une nouvelle pièce de théâtre, mais à un événement tout aussi important dans la vie culturelle berlinoise : la remise du prix Kleist 2006, l'un des plus prestigieux prix littéraires allemands. La curiosité est d'autant plus grande que le prix couronne un très jeune écrivain. La critique le considère déjà comme l'enfant prodige de la littérature allemande. Visage rond, et moue décidée, Daniel Kehlmann, 31 ans, n'a pourtant rien d'un débutant. Couronné pour les Arpenteurs du monde, le roman qui est resté durant des mois en tête du box-office de l'hebdomadaire Der Spiegel, il a déjà publié six romans en moins de dix ans.

Sous ses airs de jeune premier, Daniel Kehlmann surprend par sa maturité. Les sciences, la vieillesse, le caractère national, «Deutsch sein» (être allemand) dans le monde : les thèmes qu'il aborde ne cèdent pas à la facilité. Contrairement à la tendance de la littérature allemande d'après-guerre, dominée par Günter Grass et Heinrich Böll, par le sérieux et la gravité, Daniel Khelmann propose une littérature plus légère et burlesque.

Dans les Arpenteurs du monde (Die Vermessung der Welt en allemand), l'écrivain raconte l'histoire croisée de deux grands scientifiques allemands : l'explorateur Alexander von Humboldt et le mathématicien Carl Friedrich Gauss. De ca