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Libération

«Comme des croquis de peintre»

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publié le 15 février 2007 à 6h03

C'était alors qu'il travaillait à son livre sur le siège de Stalingrad que l'historien britannique Antony Beevor découvrit dans les archives soviétiques ces carnets de Vassili Grossman. Tout de suite il fut fasciné par la qualité du témoignage. «Ces textes sont comme des croquis de peintre où il note ce qu'il voit, allant tout de suite à l'essentiel tout en gardant ses sentiments pour lui», explique cet universitaire qui, livre après livre, Stalingrad, la Chute de Berlin et la Guerre d'Espagne, raconte les combats à la fois dans leurs grands mouvements mais aussi au niveau des combattants. Antony Beevor est l'un des plus talentueux de ces historiens britanniques qui, dans le sillage du célèbre John Keegam dont il fut l'élève, ont redonné toutes ses lettres de noblesse à l'histoire de la bataille. Beaucoup des carnets de Grossman ont été perdus, saisis ou détruits par l'auteur lui-même. Les textes choisis et commentés par Antony Beevor et Luba Vinogradova représentent près de 80 % de ces carnets retrouvés. Ils ont aussi publié dans le livre des extraits de brouillons ou de premier jet d'articles assez nettement différents de ceux qui furent finalement publiés dans la presse soviétique. «A chaque fois, nous avons privilégié la version originale, celle qui n'était pas encore passée par la censure», explique l'historien, soulignant que «ses premiers articles sur la débâcle de l'été et de l'automne 41 ont été paradoxalement en raison du chaos généra