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Libération
Critique

Edith Thomas, première du genre

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Une biographie pour recomposer le souvenir éclaté d'une historienne, résistante et communiste.
publié le 15 février 2007 à 6h03

Qui peut deviner que cette femme au physique ordinaire, à la sage tenue grise, au collier de perles bourgeois, photographiée au crépuscule de sa vie, a refusé le modèle d'existence imposé à son sexe ? Le sous-titre est là pour rompre avec l'image terne : «passionnément résistante». Mais plus encore que la résistance, c'est le refus qui dirige Edith Thomas : refuser la fatalité qui se nomme, dès son jeune âge, tuberculose, et son lot de solitude, refuser la domination masculine qui la voudrait épouse et mère, refuser l'exclusion des femmes de la création et de la politique, refuser l'inégalité sociale, refuser la défaite, quelles que soient les formes que celle-ci prend, refuser tout compromis.

La lecture de ses carnets et de ses lettres, sources essentielles de cette biographie, dévoile une femme en proie aux doutes existentiels, au bord de la dépression, en recherche de soi et de l'autre pour aimer et être aimée, mue jusqu'à l'obsession par une volonté de donner sens et cohérence ­ un maître mot dans ses écrits ­ à la vie, à sa vie. C'est précisément le premier hommage que lui rend sa biographe américaine, connue pour ses travaux sur Sartre et Beauvoir : elle renoue les fils d'une existence dont, au gré de ses intérêts, chacun a conservé en mémoire, trente-sept ans après sa fin brutale, des pans isolés. Quand il n'est pas inconnu, le nom d'Edith Thomas évoque pour les uns la figure d'une résistante communiste, intellectuelle, cheville maîtresse des Lettres franç