L'Histoire des mères (Montalba, 1980, avec Catherine Fouquet) fait d'Yvonne Knibiehler l'une des fondatrices de l'histoire des femmes. On sait que ce travail l'a conduite, sans cesse, à approfondir la question de la maternité, à analyser sa fonction sociale et politique, son articulation avec l'insertion des femmes, mères potentielles, dans la sphère publique et plus souvent encore leur rejet. C'est cette posture-là que souligne le titre; mais le récit de vie qu'est d'abord cet ouvrage, montre qu'Yvonne Knibiehler a, jeune, dû répondre à cette interrogation culpabilisatrice, alors qu'elle tentait de concilier vie d'épouse et mère et vie d'enseignante; ses affectations, du Maroc à la Provence, suivent la carrière de son mari. A l'aube des années 70, l'enseignante se mue, à 40 ans passés, en chercheuse, en pourfendeuse d'idées reçues. Cette orientation la mène, naturellement, au féminisme, tant l'histoire des femmes rencontre alors leur présent. Féministe certes, mais iconoclaste, affirme-t-elle. Electron libre, qui jamais ne battra le pavé, elle est déroutée par la non-mixité du MLF et par les modes d'expression de cette génération militante. L'historienne s'étonne que la maternité se résume à revendiquer contraception et avortement, luttes qu'elle soutient. Mais elle estime que la potentialité de la maternité est une capacité qui explique en retour la domination des hommes et la volonté masculine, séculaire, de reprendre le pouvoir sur l'enfantement. Aussi, celui-ci e
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