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Libération
Critique

Henri III, mort pour la France

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Comment l'assassinat d'Henri III renforça l'unité nationale et la légitimité monarchique.
publié le 15 février 2007 à 6h03

Le 1er août 1589, Henri III est à Saint-Cloud pour diriger le siège de Paris alors contrôlé par la Ligue catholique. Un moine dominicain exalté, Jacques Clément, se rend auprès de lui sous prétexte de livrer des informations militaires précieuses. Rassuré par l'habit ecclésiastique, le roi se laisse approcher. Il est mortellement poignardé au bas-ventre.

Cet attentat se place à un moment de très grande tension politique et religieuse. Depuis près de trois décennies, les guerres de Religion battent leur plein, aggravées par le massacre de la Saint-Barthélemy en août 1572. Premières victimes, les «huguenots» développent une théorie politique radicale selon laquelle la souveraineté appartient au peuple, le roi ne gouvernant que par «contrat». Surtout, ils justifient le meurtre d'un roi qui ne respecterait pas les commandements divins. Le régicide est, en somme, légitimé. De leur côté, les catholiques durcissent aussi leurs positions afin d'empêcher tout compromis avec les hérétiques. Entre les deux, cependant, émerge un courant composé de protestants et de catholiques que leurs adversaires désignent du nom de «politiques», parce qu'ils mettent l'avenir de la nation et le salut de l'Etat au-dessus des querelles confessionnelles. Nouveauté radicale en un siècle où la grande majorité considère que la vérité religieuse ne peut être qu'unique et doit être défendue par les armes.

La mort en 1584 de l'héritier royal avive les tensions, car, désormais, le successeur légitime d'Hen