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Libération
Critique

La Wehrmacht rappelée à l'ordre

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publié le 15 février 2007 à 6h03

Durant de longues années, les historiens ont volontiers proposé une lecture relativement simple de la répression en Europe. Opposant la barbarie se déchaînant à l'Est à une occupation rude mais plus «correcte» à l'Ouest, ils distinguaient également la SS, responsable des politiques d'extermination massive, d'une Wehrmacht moins impliquée dans les crimes. Les recherches récentes, dont le collectif mené par Gaël Eismann et Stefan Martens rendent compte, infirment largement cette vision. En soulignant, tout d'abord, le poids de la Première Guerre mondiale dans les représentations d'une armée qui, hantée par le souvenir des francs-tireurs, frappait facilement les civils tenus pour complices des partisans. En précisant, aussi, le rôle joué par les opérations militaires. Parce qu'elles occupaient, avec peu d'hommes, d'immenses territoires à l'Est et vivaient sur le pays ­ faute de ravitaillement ­, les troupes recoururent à la terreur pour maintenir l'ordre et affamèrent les populations. L'Ouest ne fut pas épargné. Se sentant trahie par son allié italien et méprisant les habitants de la péninsule, l'Allemagne, après la déposition de Mussolini (1943) frappa durement les civils (11 464 périrent). Et la répression en France fut parfois terrible, même quand elle fut conduite par les militaires ­ tenus à tort pour plus indulgents que les SS. C'est dire que la nuance s'impose. La violence fut générale ­, mais les sympathies raciales purent l'atténuer (ainsi aux Pays-Bas). Elle n'épargna