Les Bienveillantes a non seulement raflé le Goncourt 2006 mais dominé toutes les ventes de livres pendant plus de trois mois, de fin septembre à début janvier 2007. C'est le titre phare de la dernière rentrée littéraire, chacun en est d'accord. Demandez, en revanche, à combien exactement s'est chiffré ce succès et vous aurez posé la question qui fâche. Le roman de Jonathan Littell s'est-il vendu à 395 000 exemplaires comme l'a évalué Ipsos, institut qui fournit les données régulièrement publiées par Livres Hebdo, le magazine professionnel de référence ? A 503 435 exemplaires, comme l'a estimé GFK, autre institut coté ? Ou bien à 549 200, ainsi que l'a décompté Tite-Live, source du «classement» souvent cité que publie régulièrement l'Express ?
Il n'échappera à personne que ces chiffres divergent sensiblement, l'écart entre l'estimation la plus basse (Ipsos) et l'estimation la plus haute (Tite-Live) atteignant en l'occurrence 39 %. On peut faire le même genre de constatation pour les quinze autres premiers titres de 2006, la marge d'écart allant, selon les cas, de 19 % (pour Deception Point de Dan Brown) à 54 % (pour la Tragédie du Président de Franz-Olivier Giesbert).
C'est, en tout cas, ce qui ressort d'un tableau comparatif établi par onze éditeurs mécontents qui en ont imposé la publication à Livres Hebdo sous contrainte de droit de réponse. Les onze (Gallimard, éditeur de Littell, mais aussi Actes Sud, Fayard, Flammarion, Grasset, V