Savoir humain sur les hommes, il n'y a d'histoire que forcément lacunaire, ne cesse de nous dire Paul Veyne, et non seulement à cause des documents souvent défectueux, mais parce que les événements historiques eux-mêmes sont rares et se figent facilement. Est-ce à dire que l'historien épuiserait son champ comme il arrive à certaines terres que le trop des cultures rend stériles ? Bien au contraire : l'Empire gréco-romain prouve les innombrables ressources d'un grand historien dans l'art de la reconnaissance et de la mise en intrigue des faits historiques, avec la fraîcheur d'un récit inédit oeuvre ouverte aux lecteurs, spécialistes ou pas. Cependant, le volume, en dépit de ses presque 900 pages, est programmatiquement non exhaustif, les chapitres sont des fenêtres pour permettre autant de vues différentes, plutôt que des tours pour tout embrasser. Aussi Paul Veyne donne-t-il la clé dès le titre : le pouvoir est romain (le droit, les monuments, le cirque...) ; la culture (la philosophie, les mathématiques, la rhétorique, la médecine) est grecque. Bref, l'Empire est bilingue avant même de devenir bicéphale.
Hors les fastes de Rome, cerner l'Empire est malaisé pour ses citoyens, puisque l'horizon dépasse rarement leur ville et qu'au cours de l'existence, ils n'ont affaire qu'aux notables locaux, l'armée et quelques fonctionnaires impériaux. En fait, la civilisation gréco-romaine est une poussière de cités noyées dans une immense paysannerie, relayées plus ou moins étroi
La route de Rome
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par MARONGIU Jean-Baptiste
publié le 21 mars 2007 à 7h00
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