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McCann, la piste de l'étoile

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Pour le "Salon du livre" Libération revisite ses écrivains sur plus de dix ans. Rencontres et interviews.
par LEVISALLES Natalie
publié le 21 mars 2007 à 7h00

Quand Colum McCann est allé à Londres pour la première fois de sa vie, il avait huit ans et c'était pour voir son grand-père. Le vieil homme était alcoolique, agressif, et sa chambre sentait mauvais, mais c'était son grand-père, il allait mourir, et il lui a raconté des tas d'histoires. En sortant, le père de Colum l'a emmené au Hard Rock Café et a dit à la serveuse : «Mon fils vient de voir son grand-père pour la première fois.» La vendeuse lui a offert une glace et, dit Colum McCann, depuis, à chaque fois qu'il arrive à Londres, il se souvient dans les moindres détails de l'odeur de la chambre, du visage de la serveuse et du goût de la glace. «C'est ce que j'aime dans la vie, ces petits moments. Et ce qui m'intéresse dans Danseur, plutôt que les grands événements, ce sont tous ces moments cachés qui ont eu une influence sur Rudolf Noureev.»
Colum McCann est donc l'auteur de Danseur, qui n'est pas une biographie de Noureev, mais «définitivement un roman». Cet Irlandais, âgé de 38 ans, vit aux Etats-Unis depuis vingt ans. Il est marié à une Américaine dont il a trois enfants. Ils habitent New York et viennent de s'installer dans l'Upper East Side, parmi des voisins chic et coincés mais néanmoins ravis de côtoyer un écrivain désormais reconnu, auteur de trois romans et de plusieurs recueils de nouvelles (1). L'appartement est chaleureux et étonnamment calme : le nouveau-né dort paisiblement sur la poitrine de sa mère ; Isabella, 5 ans, et John-Michael, 3 ans, attendent