Le 11 septembre 2001, un événement a bouleversé la vie de Pierre Michon : ce jour-là, à Mourioux dans la Creuse, il suit l'enterrement d'Andrée Gayaudon. On peut même dire qu'il le précède, depuis quatre jours qu'elle a expiré à l'hôpital de Guéret, cette femme dédicataire de son premier livre, le mythique Vies minuscules, a fait de lui un autre homme : un orphelin. Andrée Gayaudon, mère de Pierre Michon, est morte. Des deux petits livres qu'il publie aujourd'hui, huit histoires minces et tendues, irréfutables, presque toutes comme à son habitude ont plus au moins paru dans cet état ou dans un autre dans d'improbables revues de province qui les avaient commanditées. Une seule est totalement inédite, la plus longue, écrite cet été dans une urgence inventée, Le ciel est un très grand homme, elle est supposée consacrée à Victor Hugo, le cinquième des auteurs que le recueil honore. Elle dit la mort de sa mère, elle dit la naissance de sa fille trois ans plus tôt.
Pierre Michon se rend chaque jour à l'hôpital, ce jour-là comme d'autres il s'absente pour courir acheter des livres, le volume XXIII de la Carte archéologique de la Gaulle Romaine, le tome deux des Dits et écrits de Michel Foucault dans l'édition «Quarto», et un autre dont il ne se souvient plus. Au retour de sa course «comme le lièvre de la fable», sa mère est morte : (il faut ici citer un peu longuement) «Les livres étaient bien sagement posés au pied du lit dans leur petite pochette, près des pieds des cadavres
Michon accompli
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par HARANG Jean-Baptiste
publié le 21 mars 2007 à 7h00
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