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Libération
Interview

Australien de parenté

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De Melbourne à New York en passant par Tokyo, Peter Carey expose le complexe du colonisé.
publié le 29 mars 2007 à 6h53

Peter Carey, qui vit à New York, qui circule dans le monde entier, comme ses fictions en témoignent, était de passage à Paris à l'occasion du Salon du livre. Son éditeur chez Plon, Ivan Nabokov, qui n'est plus le patron de la collection mythique «Feux croisés», le publie désormais aux éditions Christian Bourgois. Ce dernier a prêté son bureau. Choc en voyant Peter Carey : il a l'air sorti d'un de ses romans, peut-être est-il Oscar en personne, il ressemble furieusement à ses livres. Il est grand, il est drôle. Il s'agite, il secoue le bras de son éditeur, il fait des démonstrations avec une tasse de café, une petite cuiller et une capsule de bouteille d'eau posée en équilibre sur ladite cuiller. Il prend une feuille, dessine une ligne brisée pour expliquer comment il va d'un point à un autre en écrivant, ceci est une chaîne de montagnes, il désigne les sommets et les vallées où il faut descendre de temps à autre afin de voir ce qui se passe en bas. Puis il déchire son dessin. Il n'est pas fou.

Comment résumeriez-vous votre vie d'une phrase ?

J'ai tout raté et je suis devenu écrivain.

Qu'avez-vous raté ?

Je voulais devenir un scientifique, je suis allé à l'université, mais je n'y comprenais rien. J'ai commencé à lire, de la poésie, des romans. J'ai trouvé du travail à Melbourne dans une agence de publicité, autour de moi ils étaient tous des ratés, et ils consacraient tous leurs loisirs à écrire. C'était en 1962, le chef de produit lisait Finnegans Wake, les autres Faulkne