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Libération
Critique

Format Carey

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publié le 29 mars 2007 à 6h53

Comment faire passer une toile volée d'un continent à l'autre en modifiant son format. Comment peindre un faux tableau de maître et une croûte par-dessus, de manière à ce qu'un restaurateur, en débarbouillant la première couche, croie déceler la présence d'un chef-d'oeuvre. Tels sont les petits jeux auxquels se livrent les personnages du nouveau roman de Peter Carey. Et il y en a d'autres. Et on ne les comprend pas tous. C'est encore un putain de fric-frac, pour parler comme dans le livre.

Le casting est pourtant simple. Les frères Bones, au rugueux langage provincial, racontent en alternance : Hugh est l'attardé, Butcher le peintre, il tient son surnom de la boucherie paternelle qu'il n'a pas reprise. L'un protège l'autre, qui n'est peut-être pas celui qu'on croit. Hugh est certes très lourd. Il ne se déplace jamais sans sa chaise. Il casse le petit doigt des gens qu'il ne faut pas, c'est sa signature. Il pue. Il vitupère en capitales, par exemple le professeur pire que pédophile qui a donné à son frère l'amour de la peinture, le «CELIBATAIRE ALLEMAND» issu de «la soi-disant BOWER HOUSE».

Butcher n'est pas non plus poids léger, mais il entre davantage de culture dans son franc-parler. Il a été exposé, coté. Quand l'histoire commence, et si vous avez raté le début, Butcher est un artiste ratiboisé par son divorce. Son fils et ses toiles, confisqués. Il se retrouve factotum dans la résidence secondaire de son collectionneur principal, à puiser dans la pension de H