«Ils sont là, nombreux, variés, infiniment variés, sur la terre, dans les eaux, dans les airs, avec nous et hors de nous, partageant un monde où ils existent depuis plus longtemps et d'où, peut-être, ils vont disparaître, et bientôt pour certains d'entre eux.» «Ils», ce sont les animaux qui, depuis la nuit des temps, peuplent les pensées de l'homme, sans que celui-ci n'ait su produire une pensée à la hauteur du défi posée par cette animalité foncière d'où il est lui-même issu comme si, en s'inventant un destin, l'espèce s'était extirpée de la commune destination du vivant. Que les choses soient claires : dans le Versant animal, Jean-Christophe Bailly n'entend en rien sonder les restes de la bête chez l'homme mais ce qui l'a précédé et qui, en lui résistant, continue à l'excéder. Son geste est proprement philosophique, la psychologie des profondeurs ne retenant, ni ici ni ailleurs, vraiment pas Bailly, (é) pris par ce qui de l'être fait surface : paysage, tableau, écran, scènes de théâtre, animal, bref tout ce dont l'existence relève pour lui du style. En même temps que cet essai inquiet, Jean-Christophe Bailly fait paraître l'Atelier infini. 30 000 ans de peinture. Refonte d'un ouvrage paru en 1992, ce livre superbe est une fête immédiate des yeux et un manuel de longue haleine pour apprendre à «voir» l'incessante création imaginaire du monde par l'homme au cours des millénaires, depuis les animaux de Chauvet et Lascaux jusqu'à la peinture contemporain
Critique
L'ours qui a vu l'homme
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publié le 29 mars 2007 à 6h53
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