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Libération
Interview

Mon oncle

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Vikram Seth raconte la rencontre improbable d'un Indien de bonne famille et d'une jeune fille de la bourgeoisie juive dans le Berlin des années trente.
publié le 29 mars 2007 à 6h53

Delhi envoyée spéciale

«N imm den Schwartzen nicht (Ne prends pas le Noir)», a dit Henny à sa mère quand l'Indien est venu louer une chambre de l'appartement familial. Madame Caro n'ayant pas écouté sa fille, «ainsi débuta une relation qui devait durer cinquante-six ans». Dans Deux vies, le romancier Vikram Seth (auteur d'Un garçon convenable, Grasset, 1995) nous décrit la rencontre improbable entre un jeune Indien de bonne famille (son oncle Shanti) et une jeune fille de la bourgeoise juive (sa future tante) dans le Berlin des années 30, leurs parties de bateau sur le Sacrowersee, leurs randonnées à ski dans le Riesengebirge et leurs Noël avec sapins et Stollen. Il nous raconte comment Henny et Shanti se séparent pendant la guerre et comment ils se retrouvent à Londres. Entre-temps, lui a perdu son bras droit à la bataille de Monte Cassino en 1944, mais a pu devenir dentiste, elle a réussi à fuir l'Allemagne nazie, mais sa mère et sa soeur ont été déportées et tuées à Auschwitz.

Pourquoi décide-t-on d'écrire la biographie de son oncle ?

A vrai dire, c'est la biographie de deux personnes : mon oncle Shanti et sa femme Henny. Cette biographie contient aussi des parties de ma vie qui ont à voir avec leur histoire, il s'agissait de raconter deux vies, ou peut-être deux vies et demie, mais pas trois. C'est un livre qui a des centres jumeaux, comme un oeuf à deux jaunes, non, ce n'est pas une bonne analogie. Disons plutôt deux arbres, un neem et un