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Libération

Viva Willa Cather

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publié le 29 mars 2007 à 6h53

Quand ils sont pleinement réussis (et c'est le cas du Chant de l'alouette), les romans de Willa Cather semblent de doux monuments à la bonté et à l'intelligence, des rocs de générosité jetés dans le champ de la littérature. L'Américaine, née en 1873 et morte en 1947, a un don inouï pour susciter en une phrase une nostalgie réconfortante, pour faire des combats de ses héros, le plus souvent des héroïnes, des sources d'apaisement pour ses lecteurs. Chez elle, une description d'un paysage qui suscite immanquablement celle d'un état d'esprit peut faire venir les larmes aux yeux, de même que quelques lignes d'analyse psychologique d'un de ses personnages même secondaires. Evidemment qu'on imagine tous les doutes, toutes les incertitudes qui ont pu frapper l'auteur de Mon Antonia,Pionniers et Une dame perdue, mais ses livres ont toujours l'ambition de tirer ses lecteurs vers le haut, aussi bien esthétiquement que moralement, il s'agit immanquablement de retrouver une innocence qui ne serait donc pas si perdue que ça. Cette volonté de hisser ses lecteurs au meilleur d'eux-mêmes est d'ailleurs explicitement exposée à la fin du Chant de l'alouette, dont elle a dit en 1921 que c'était le livre qu'elle avait eu le plus de plaisir à écrire, d'une manière d'autant plus émouvante que le but, une fois encore, a été atteint : «Dire la loyauté de jeunes coeurs envers quelque idéal exalté, la passion avec laquelle ils luttent, parviendra toujours, chez ce