Il y a là le casque à pointe, symbole par excellence du militarisme prussien, mais aussi le mur de Berlin et bien sûr Auschwitz, «nom qui comme lieu de mémoire et symbole de l'horreur a valeur universelle bien qu'aucune ville portant ce nom allemand ne figure aujourd'hui sur aucune carte». Mais dans cet ouvrage collectif sur les «mémoires allemandes», les historiens allemands, mais aussi français, évoquent tout autant la Germanie de Tacite, Jean-Sébastien Bach, la Volkswagen, la paix de Westphalie au XVIIe siècle, la légende du coup de poignard dans le dos en 1918, le mark ou le made in Germany et même Napoléon, très populaire outre-Rhin quand il était au faîte de sa gloire car perçu, du moins au début, comme «un nouveau Charlemagne». Un livre incontournable et fascinant d'auto-analyse qui bouleverse le regard habituel sur ce «pays du milieu» bordé par plus d'autres pays qu'aucun autre sur le Vieux Continent et cette nation «spätgeboren» (née tardivement) qui toujours se cherche. «Ce qui caractérise les Allemands, c'est que chez eux la question du "qu'est-ce qui est allemand ?» ne prend jamais fin», notait déjà Nietszche. Dans son introduction, l'historien Etienne François s'interroge sur la possibilité d'y exporter la notion de lieu de mémoire telle que l'avait forgée Pierre Nora. Nora, dans la somme qu'il avait animée sur la France, tentait «de déchiffrer ce que nous sommes à la lumière de ce que nous ne sommes plus».
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