En 1979, Guy Ernest Debord, l'auteur de la Société du spectacle, a 47 ans. Il quitte Paris qu'il commence à détester. Et il écrit des lettres. Le monde a changé. Dans son optique, la contre-révolution triomphe partout. Les situationnistes n'existent plus, mais lui reste actif. Il se lance dans la défense des «Autonomes de Ségovie», un petit groupe d'anarchistes emprisonnés dans cette ville du nord-ouest de l'Espagne. Ce qui lui permettra de poser un regard informé sur ce qui se passe dans ce royaume après la mort de Franco, pendant sa transition dite démocratique. Il suivra ainsi la tentative de pronunciamento du lieutenant-colonel Tejero, dont il fait une analyse originale. En gros, derrière ce coup d'Etat d'opérette, il y aurait eu un coup de force plus profond, un pacte signé par toutes les forces contre-révolutionnaires, de l'armée au PC en passant par le PSOE, qui interdit et pour longtemps toute possibilité de révolution en Espagne. Madrid et Barcelone ne sont pas les seuls centres d'intérêt de Debord. Il revient dans ses missives sur les années de plomb en Italie et explicite ses désaccords avec son ex-camarade Gianfranco Sanguinetti.
Il regarde aussi avec passion ce qui se passe en Pologne où un syndicalisme libre se bâtit mais sans vouloir faire barrage à l'intervention que préparent les staliniens. Et il négocie les conditions de traduction de ses livres, donne son point de vue en détail sur les projets d'édition de Champ Libre. Par exemple, il refuse