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Libération
Critique

La mèche à la bouche

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James Lee Burke met du sang sur la carte postale du Montana.
publié le 5 avril 2007 à 7h02

Une histoire d'amour. C'est ce que disait John Steinbeck de l'Etat du Montana. A son tour, James Lee Burke, qui y réside une large partie de l'année, lui fait une déclaration enflammée. En particulier, à la vallée de la Bitterroot River dont il écrit que «tout y méritait de figurer sur une carte postale, chaque pont sur chaque cours d'eau, chaque montagne et ses suivantes, toujours plus hautes, toujours plus vertes». Mais il n'y a pas que les cow-boys, les pêcheurs à la truite, les écrivains à la recherche d'un grand souffle ou de solitude qui s'attachent à ce pays où les canyons ont, dans la lumière du couchant, la couleur dorée des vieux barils de whiskey. Malheureusement, il plaît aussi aux salauds. Aux consortiums miniers qui ouvrent des plaies béantes sur les flancs des collines et n'hésitent pas à polluer au cyanure les méandres argentés de la rivière Blackfoot. Aux milices d'extrême droite qui croient que l'Amérique a été confisquée par les Juifs. Aux gangsters de la mafia piégés entre les souvenirs de l'époque de leurs pères et leurs pulsions sanguinaires. Et même aux pédophiles et aux bandes de motards violeurs. Toute cette engeance se côtoie, s'allie, se trahit, se détruit. Il faut dire que le Montana n'a jamais été très paisible. La cavalerie américaine y massacra les tribus indiennes, les milices patronales torturèrent les grévistes du début du siècle, pour ne rien dire des gangs de hors-la-loi qui, eux aussi, ont tourmenté la région. Aujourd'hui encore, i