Depuis qu'on a le sentiment de ne plus voir beaucoup la gauche en politique (Royal serait plus à droite que Bayrou), on la retrouve curieusement en poétique. Il y a peu, Jacques Rancière dérangeait ainsi Flaubert de ses habitudes prétendument bourgeoises pour en faire un partageur du sensible, instillant le venin du négatif dans le ventre rond du consensus. Dans le même temps, plusieurs revues et recueils de poésie rentraient dans le lard de la guerre, des médias, de la lâcheté française rampante. Ils avaient nom Nioques ou Vox Hotel. Revendiquaient, tel Christophe Hanna dans la dernière livraison de Doc (k) s, de «concevoir le fonctionnement des objets artistiques ou poétiques comme connectés à la vie politique au sens large (c'est-à-dire à des pratiques sociales vitales)» plutôt que «comme des mécanismes autonomes». Tout récemment, plusieurs philosophes et poètes (de la même famille que les revues citées) ont produit une série d'essais directement politiques, intitulée Avril-22, ceux qui préfèrent ne pas, aux éditions le Grand Souffle. On y retrouve Eric Arlix, Philippe Boisnard, Sylvain Courtoux, Alain Jouffroy ou Nathalie Quintane, appelant à la désobéissance civile. Arlix, au lance-flammes hilare : «La démocratie posttotalitaire siège de la westernisation du monde s'élève la tête dans la biopolitique pour accélérer la maîtrise des désirs des cerveaux non autonomes non émancipés mais superdisponibles dont les clés ont disparu
Critique
Ils battent la campagne
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par Eric Loret
publié le 12 avril 2007 à 7h10
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