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Libération
Critique

L'heure des comptes

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Le romancier égyptien Gamal Ghitany ouvre son coeur avant de le livrer au chirurgien.
publié le 12 avril 2007 à 7h10

Au Caire

Voilà à quoi ressemble la vie d'un homme, quand elle ne tient plus qu'au bistouri d'un chirurgien. Il y a la peur, qui étreint les tripes et les noue en un point sourd. Il y a aussi cet étrange moment où la conscience se met à dériver, abordant aussi bien de longues introspections aux accents métaphysiques, que des chapelets de souvenirs légers et futiles.

Quand l'écrivain égyptien Gamal Ghitany apprend qu'il doit subir une lourde opération du coeur, tout son univers se condense en une fraction de seconde.

C'est ce retour à l'essentiel qu'il raconte, sans fioritures, dans un petit livre écrit dans l'urgence. Publié dans sa version arabe en 1999, Au plus près de l'éternité n'a pas l'ambition du monumental Livre des Illuminations (Seuil, 2005), probablement le chef-d'oeuvre stylistique de Gamal Ghitany. Mais il a un grain d'humanité supplémentaire, puisqu'il dévoile avec simplicité les failles, les doutes, les angoisses d'un homme dont le corps se dérobe. L'acte chirurgical ayant lieu aux Etats-Unis, il lui faut quitter l'Egypte pour se retrouver dans la trompeuse solitude de sa chambre d'hôpital, loin de sa terre, et de ses habitudes, suspendu au truchement d'une traductrice. On le voit nu devant son miroir, nu devant sa conscience, profondément touchant. Un dénuement appuyé par une écriture épurée, débarrassée de ses effets littéraires.

Proche du prix Nobel de littérature Naguib Mahfouz, dont il fut le plus fidèle compagnon, Gamal Ghitany délaisse ici le g