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Libération

Perspective Gogol

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publié le 12 avril 2007 à 7h10

«Nous sommes tous sortis du « Manteau »de Gogol.» La fameuse phrase de Tourgueniev reprise par Dostoïevski et encore, au siècle suivant et à sa manière, par Vladimir Nabokov, dit mieux que tout l’importance du texte-phare des Nouvelles de Pétersbourg pour les écrivains russes eux-mêmes. Ce recueil, dont Jean-Philippe Jaccard montre dans sa postface à cette nouvelle édition comme il s’est constitué de façon posthume, contient six autres nouvelles, dont les célèbres «le Nez», «le Portrait» et «la Perspective Nevski» («Il n’y a rien de mieux que la Perspective Nevski, du moins à Pétersbourg»). L’intrigue du «Manteau» est d’une simplicité déconcertante: un pauvre fonctionnaire maltraité se voit contraint, pour cause d’usure de l’ancien, de s’acheter un nouveau manteau au-dessus de ses moyens, y parvient cependant miraculeusement, retrouvant le respect de ses collègues, avant de se le faire voler dans des circonstances aux conséquences dramatiques. Comme tous ces textes de Gogol, la nouvelle passe perpétuellement non seulement du comique au tragique, mais du quotidien à l’onirique, du satirique au bouleversant. Et ces changements de ton sont d’autant plus manifestes que la traduction aujourd’hui publiée est d’André Markowicz, qui a déjà traduit chez Babel toute l’oeuvre de Dostoïevski (il a aussi travaillé sur Pouchkine et Tchekhov), et dont un des talents consiste à débarrasser les classiques russes d’un certain aspect grand genre que les traductions précéde