Menu
Libération
TRIBUNE

Chaque jour, ils sont douze à blablater

Article réservé aux abonnés
Nous sommes soixante-trois millions de Français, héritiers d'un passé grandiose et tragique, à qui les candidats ne servent que des mots.
par Joseph BIALOT
publié le 17 avril 2007 à 7h15

Huit heures trente. Une heure que j'aime, celle du petit déjeuner.Le thé fume, embaume. Moment de relaxe avant de démarrer la journée.Comme chaque matin, la radio ronronne. Comme chaque matin, depuis des semaines, jusqu'au jour J, mon média préféré ouvre et ouvrira son journal par la campagne électorale.

Soixante-trois millions d'habitants d'un pays qui fut une grande puissance et qui reste une grande nation écoutent. Soixante-trois millions d'individus héritiers d'un passé tragique, grandiose, scientifique, intelligent, un passé de sang, de larmes, d'espérance, attendent le rêve et n'entendent que ça, des mots, des mots, des mots.

Bla-bla, bla-bla, bla-bla !

Bonjour, tristesse ! Ils sont douze à blablater chaque jour, chaque heure, chaque minute sur les ondes, les écrans, le papier, le Web.

Soixante-trois millions d'hommes, de femmes de toutes conditions avalent le bla-bla avec leur petit déjeuner.

Passé tragique ? Toute l'histoire de France peut en témoigner.

Grandiose ? Les mânes de Villon, de Ronsard, de Montaigne, de Racine, de Molière, de tous ceux, innombrables, qui prirent la plume pour «dire quelque chose» sont prêts à l'attester sous serment.

Scientifique ? Denis Papin, Lavoisier... Vous connaissez ? C'est en France que sont nés l'auto, l'avion et la médecine moderne. Le nom de Pasteur vous rappelle quelqu'un de connu ? Plus que Gustave Zédé, bien sûr, qui construisit le premier sous-marin français. Rassurez-vous, on ne va pas aligner un palmarès, vous rappeler les blazes