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Libération
Interview

Zeruya Shalev dans les territoires du couple

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publié le 19 avril 2007 à 7h17

Dans les romans de Zeruya Shalev, quand les femmes ne sont pas au bord de la crise de nerfs, c'est qu'elles sont déjà dedans, jusqu'au cou. Et rien, absolument rien, de leurs sautes d'humeur, départs en vrille et autres accès d'hystérie, ne nous est épargné, puisque nous sommes en permanence dans leur tête, condamnés à les accompagner de sommets exaltés en gouffres suicidaires. Théra, qui vient de paraître en France, ne fait pas exception. C'est, sur près de 500 pages, un monologue intérieur où les débuts et les fins des vingt-quatre chapitres permettent tout juste de reprendre son souffle. Les événements de la vie extérieure n'interrompent pas le cours des pensées d'Ella, ils sont d'abord à peine perçus, retenus dans les marges de la conscience, puisque parasités par une subjectivité envahissante ; une fois perçus, avec retard, ils sont instantanément captés et digérés par la machine folle où ils viennent alimenter angoisses, supputations et autres constructions fantasmatiques. Vie amoureuse (2000) racontait la passion incompréhensible d'une jeune femme pour un homme pervers et manipulateur, Mari et femme (2002), l'horreur quotidienne d'un couple qui se défait. Théra raconte la rupture, puis la rencontre avec un nouvel homme. L'histoire se passe à Jérusalem, un psychiatre suit une femme victime d'un attentat et les garçons de vingt ans sont à l'armée, à part ça, elle pourrait se passer n'importe où.

Zeruya Shalev décrit l'instabilité des sentiment