En cet été 1952, Jean Meckert, 41 ans, a déjà derrière lui une carrière d'espoir de «La Blanche» de Gallimard (les Coups, l'Homme au marteau), et devant lui, celle d'un auteur de la «Série noire». Marcel Duhamel a réussi à attirer ce grand conteur qui se fera remarquer sous le pseudo de John, puis de Jean Amila.
En 1952, Meckert sort Je suis un monstre, un roman de violence et d'adolescence. Titre prémonitoire puisque Gaston Gallimard l'envoie jouer les reporters à Lurs, pas loin de Digne dans les Basses-Alpes (devenues les Alpes-de-Haute-Provence) où un crime atroce vient d'avoir lieu. Le 5 août, trois Anglais, un homme, sa femme et leur fille, qui campaient, ont été massacrés au fusil, par balles pour les parents, à coups de crosse pour la petite fille. On ne sait pas qui a fait le coup, un rôdeur, un espion (le père assassiné, Sir Jack Drummond, est un savant), un paysan du coin...
Ce crime va jouer les vedettes pendant des mois, et tellement marquer la mémoire populaire qu'il inspirera vingt ans plus tard un film avec Jean Gabin dans le rôle de Gaston, le vieillard accusé de meurtre, et, cinquante ans après les faits, un téléfilm avec Michel Serrault dans la peau du vieux et Michel Blanc dans celle de l'inspecteur Sébeille.
Même si on a vu ces films, lu quoi que ce soit sur l'affaire, la lecture de ce «roman» vrai, qui «n'est pas tant l'histoire d'un crime que l'histoire d'un spasme d'opinion devant un spectacle gratuit», sera profitable. D'abord