L'histoire est celle d'un homme qui refuse les facilités du récit : ce serait trop de continuité. Un homme dont l'histoire est si radicalement brisée que tout ce qu'il écrit est façonné par les figures négatives du retournement, de la clôture, du paradoxe. La phrase est nouée à ce qui la délite. Parfois, le lecteur renâcle pendant l'ascension de l'abîme : «A mesure que le désir s'offre en vain, il puise sa mesure dans la perte qui le conçoit pour chercher des mots qui ne peuvent le combler puisqu'ils sont issus de n'être pas ce qui n'est plus.» L'Attachement se présente comme une lettre d'amour non postée. Quoi qu'il en soit, notes et pensées ont été rédigées et rassemblées pendant trois ans. Après coupes et montage, le livre parvient au public en bonne et due forme. Parmi les définitions qu'en donne l'auteur, celle-ci : «Cet artefact est un Journal auquel manquent précisément les pages qui feraient qu'il en soit un.»
Jean-Paul Iommi-Amunategui était, dans les années 80, responsable du supplément littéraire du Matin de Paris. Il est aujourd'hui le rédacteur en chef d'un magazine de logistique. Une fois le Matin disparu, il a bifurqué vers l'édition, jusqu'en 1995, puis est revenu au journalisme via «une publication professionnelle consacrée aux transports». Il n'appartient plus au petit monde des lettres parisien, dont il fut un personnage connu, et qu'il observe avec une sévère ironie. Il n'en comprend pas le manque d'exigence, ni le goût d