Si l'homme, selon Aristote, est un «animal politique», l'animal, lui, bien qu'il vive parfois en société, n'en fait pas, de politique. Il n'est pas sûr qu'il soit si aisé de dire pourquoi. Peut-être parce qu'un crocodile est un crocodile ; un gnou, un gnou ; et un merle, un merle, entièrement déterminés par les données biologiques qui les constituent et fixent leur comportement, alors que l'homme devient humain, en se détachant justement de ce qu'il «est» par nature si tant est qu'il en ait une pour s'installer dans un environnement culturel où domine la présence d'autrui et grâce auquel il va se faire. Peut-être aussi parce qu'une ruche ou une fourmilière ont un fonctionnement «préréglé» et immuable, alors que les sociétés humaines ont besoin, pour fonctionner, que les individus qui la composent conviennent d'un certain nombre de règles garantissant au mieux l'intérêt de tous. On pourrait ajouter que l'animal est hors politique en ce qu'il n'a pas de représentation de l'Autre, tandis que l'homme, par la pensée, peut sortir de lui-même et se mettre «à la place d'autrui», tenir compte de son point de vue, le coordonner avec le sien, élaborer des projets communs, rendre possible une convivance sociale et donc ne peut pas ne pas faire de politique. Platon ajoutait un autre argument, qui vaut ce qu'il vaut : les sociétés des fourmis marchent toutes seules, si on peut dire, et ne connaissent guère de révolution, parce que le cou et la tail
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par Robert Maggiori
publié le 26 avril 2007 à 7h26
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