«Ils ne sont pas là pour la raison qui vient immédiatement à l'esprit. Ils sont venus rechercher du "sexe instantané". Beaucoup d'hommes, mariés ou célibataires, qui se définissent les uns comme hétérosexuels, les autres comme homosexuels, sont à la recherche de ce type de sexe impersonnel, de ce plaisir sans engagement, de ces frissons sans implication. Quelles que soient les raisons sociales, physiologiques susceptibles d'expliquer cette recherche, le phénomène du sexe impersonnel reste une forme largement répandue, mais rarement étudiée, d'interaction entre les hommes.» L'endroit où tout ce monde se presse, ce sont les toilettes publiques, les «tearooms» dans l'argot homosexuel américain du temps où a été menée cette enquête sociologique, les «tasses» pour le milieu homologue français d'où le titre de ce livre hors norme : le Commerce des pissotières. Pratiques homosexuelles anonymes dans l'Amérique des années soixante. Hors normes aussi, comme son auteur Laud Humphreys, est cet essai à la croisée de la sociologie et de l'anthropologie, et proprement exceptionnel au double sens du mot : unique et d'une grande qualité intrinsèque, apte à ouvrir un champ de recherches d'avenir. Livre historique donc à plusieurs titres, leCommerce des pissotières, fournit une archéologie de la condition homosexuelle d'avant le coming out et le sida, et témoigne d'une saison particulièrement fructueuse des sciences sociales, lorsque, délaissa
Critique
Voyeur de commerce
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publié le 26 avril 2007 à 7h25
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