Trouver le moyen de sauver sa peau quand le réel vous étouffe, c'est la grande affaire d'Ariel Kenig. Il part, veut partir, veut partir, se terre, refuse de se taire. Dans Camping Atlantic, le narrateur fuyait la caravane familiale avec son frère. La Pause tenait la chronique d'un adolescent qui observait la cité en bas claquemuré dans son appartement, ce qui, au onzième matin, donnait des notations comme: «le parc automobile a vieilli d'un jour». Avec Quitter la France, Kenig élargit son corps à corps avec le monde à l'échelle d'un pays entier. «N'importe qui déraperait sur ta peau glacée.»
Devant un titre laissant augurer un pamphlet décliniste, la France comme pays de vieux, la vraie vie est à Londres, ritournelle rimbaldo-fiscale des exilés de la City, etc., le premier mouvement a été de commencer par un effeuillage suspicieux. Lequel, loin d'apaiser les craintes, libère d'abord des effluves quasi-sarkoziens : «Les candidats à la souffrance se bousculent : fonctionnaires, intermittents, éleveurs de moutons ou stars déchues. Chacun revendique son droit à la peine, puis le mouvement s'accélérant, les bien-portants souffrent de ne pas avoir mal.» Mais ce qui nourrit très vite la possibilité d'un trompe-l'oeil, c'est l'arythmie délibérée de l'écriture, le refus que ça coule de source. «Occupée à te chercher une contenance, à garnir ton panier social, à vendre ton petit modèle, tu as manqué nos premiers pas. Tes enfants se sont lev