On est dans les années 30 aux Etats-Unis, la fille d'un couple de notables de la région de Long Island est retrouvée morte dans une vieille cabane. Son cadavre ne présente aucune trace de violence (juste une saisissante pâleur et des traces de piqûres aux bras, seulement repérables par un oeil expert), ses parents sont complètement dévastés, insoupçonnables. Qui a donc pu tuer l'innocente Charlotte Barnes, et pourquoi ? Enigme classique, époque surannée, faits racontés par un vieillard à tremblote qui se replonge dans son passé : à l'entame de la Fille dans le verre, il y a de quoi redouter le bon vieux «roman à énigme», dédale de fausses pistes et de brainstormings interminables dont on a soupé depuis l'ancêtre Agatha Christie jusqu'aux émules contemporaines (Elizabeth George, entre autres). Erreur. La Fille de verre, oeuvre de Jeffrey Ford, ponte américain de la science-fiction, est un petit bijou: un hybride de polar, une sorte de comédie chorale et métissée doublée d'un roman d'apprentissage, qui carbure à l'imagination et la jubilation. Cela méritait bien le prestigieux prix Edgar Allan Poe.
L'affaire est emmenée par un chouette trio de Pieds Nickelés. Il y a d'abord Ondou, un gamin de 17 ans soi-disant fakir spirite, en réalité un clandestin mexicain qui porte à ravir le turban et maîtrise parfaitement les formules du Rig-Veda; c'est lui qui raconte l'histoire une soixantaine d'années plus tard, soudain rappelé au passé par un papillon entrevu de sa