Abha Dawesar est une jeune Indienne qui vient de publier, dans l'effervescence du récent Salon du livre consacré à l'Inde, un roman intitulé Babyji, qui raconte (entre autres) l'éveil sexuel d'une adolescente de New Delhi, Anamika. Sur un sujet éculé, Dawesar opte pour une voie de traverse, faisant de son héroïne une Lolita à l'envers, qui mène de front trois aventures avec des femmes l'une a quarante ans, l'autre est sa bonne, et la dernière, une camarade d'école tout en rendant fou d'excitation le père (colonel) de son meilleur ami. Et pourtant, cette Anamika est présentée comme une fille sérieuse, excellente élève férue de sciences, «premier préfet» dans son lycée (sorte de superdélégué de classe) et grande gigue à lunettes. Soit, dans la typologie moderne de la «coolitude», l'horreur absolue. Le fait que l'auteur parsème les questionnements existentiels de son héroïne de moult réflexions sur les mathématiques et la physique quantique, et qu'elle évite avec soin toute psychologie sur les affres de l'adolescence, fait de Babyji une chronique piquante où l'homosexualité et c'est réjouissant est à la fois centrale et anecdotique.
Agée de 33 ans, Abha Dawesar, dont la jolie figure de brunette assez garçonne peut faire penser qu'elle préfère les filles, s'empresse de dresser entre son héroïne et elle-même un mur de fiction. «Après mon premier roman, où le héros était un jeune homosexuel, on m'a demandé si c'était autobiographique ; après Baby